Historique...ORCHESTRE D’HARMONIE ET SON ECOLE DE MUSIQUE
De la fanfare à l’orchestre d’harmonie, la musique municipale n’a cessé de rythmer, 12 décennies durant, la vie du village devenu station. Voici les étapes marquantes de son histoire.
QUAND L’HISTOIRE DONNE LE TON (1886 – 1930)
Si la création officielle de sa musique municipale date de 1886, le gros bourg que formait Megève, il y a plus d’un siècle, implique qu’une société musicale dût exister auparavant. D’ailleurs, dans la liste des quelques 20 formations qui participèrent à la réunion des musiques du Faucigny (l’actuel Festival des musiques du Faucigny), le 12 juillet 1863, le nom de Megève est écrit noir sur blanc. Si l’on poursuit notre voyage dans le temps, nous pouvons ainsi remonter jusqu’en 1869 De cette année là date la plus ancienne trace écrite attestant de l’existence d’une musique à Megève. Le document, que des musiciens de l’actuel orchestre d’harmonie ont réussi à conserver, est une simple lettre écrite par un particulier, dans laquelle celui-ci relate la fête de la St Jean qu’animait cette année là une fanfare. L’année 1886 marque la date de naissance officielle de la fanfare du village, dont les statuts ne seront élaborés et déposés qu’en 1895.
« MUSIQUE SACREE » ET « SACREE MUSIQUE »
Décembre 1905 marque la séparation officielle de l’église et de l’Etat. Le retentissement généré par un tel évènement se répercute dans les villes et villages de France. A Megève la musique municipale se fractionne en deux sociétés distinctes. On parle ainsi de la « musique sacrée » et de la « sacrée musique ». Les deux sociétés, composées chacune d’une trentaine de musiciens (pour une population totale de 1800 habitants), se livrent une concurrence acharnée. Tandis que la première se réclame de l’église, la seconde, à caractère « laïc », n’hésite pas à donner ses concerts devant l’église, à l’heure de la messe. Aucun bouleversement notable n’est à signaler dans les années qui suivent, en tout les cas jusqu’à la « Grande Guerre », terrible ici comme ailleurs. En 1919, l’heure est venue de dresser l’état des lieux. Les cinq années de conflit ont amputé en grande partie la musique du village, dont la relance s’avère difficile. La plupart des musiciens qui figuraient dans ses rangs en 1914 ne sont pas revenus ; les uns sont morts, les autres disparus. Mais la vie continue et un dénommé Bussini reprend la direction de la société pour une dizaine d’années, tandis que son président a pour nom Francis Tissot. En 1930, M. Bussini laisse la place à un jeune architecte qui exerçait dans la région et choisit de s’installer dans la station. Il dirigera les musiciens jusqu’en 1957. Son nom : Henri Pierret.
DE PIERRET A VISQUET (1930 – 1963)
Entre musique et architecture, son cœur balançait…. Celui qui, en cette année 1930, prend la baguette de chef se partage entre ces deux passions. Henri Pierret aillait écrire une grande page de l’histoire de la musique à Megève. Dès son arrivée, il prend d’ailleurs sa nouvelle fonction très à cœur, s’y investissant en tant que bénévole. Il s’occupe même de la trésorerie entre 1933 et 1950, n’hésitant pas à avancer lui-même de l’argent à la société lorsque la situation financière de celle-ci n’est pas aux mieux. Si la vie est faite de hauts et de bas, il en est de même pour une harmonie… Ainsi, l’hiver 1937 est à ranger au rayon des jours heureux, avec l’accueil triomphal d’un enfant du pays, Emile Allais, champion du monde de ski alpin de retour au village, reçu en musique par l’Harmonie dont lui aussi fit partie. Mais des jours beaucoup plus sombres profilent…Une fois de plus, la guerre va réduire la musique municipale à sa plus simple expression. Ceux qui ont été réformés assurent la pérennité de la société, renforcée par la présence d’enfants du village. Certains musiciens, aujourd’hui encore, ont gardé en mémoire la Sainte Cécile 1945. Le repas était composé essentiellement de « porc sous toutes ses formes » et il fallait être en possession de son ticket pour obtenir pain et viande. A partir de 1946, le traditionnel banquet de la Sainte Cécile est suivi d’un bal : l’occasion pour la musique d’encaisser un peu d’argent.
D’EMILE ALLAIS A LA GARDE REPUBLICAINE
A partir de 1954, Henri Pierret, affaibli, se voit contraint de diriger par intérim avec le concours de René Duvillard et Guy Besson. Trois ans plus tard, le chef quitte ses musiciens, après 26 ans de présence à leur tête. M Pierret est ensuite nommé chef honoraire. Il s’est éteint le 26 mars 1975. Entre 1930 et 1957, un certain nombre de présidents se sont succédé : d’abord Louis Morand (père de Gérard Morand, il fut également maire de Megève), puis Pierre Joly, Lucien Morand, Georges Gaiddon, François Maillet Contoz et Ulysse Pache. L’année 1957 est encore marquée par l’arrivée d’un nouveau chef, René Visquet, dont l’instrument de prédilection est le piano. Son accession au poste de chef coïncide avec la création par la mairie d’une poste de directeur de musique. Celui-ci est désormais employé par la commune, dont il reçoit un salaire. 1960 est l’année du centenaire du rattachement de la Savoie à la France. A cette occasion, les musiciens mégevans se rendent à Neuilly Plaisance, pour participer à la commémoration qui les voit défiler sur les Champs Elysées. Le début des années 60 est décidément faste, puisque peu de temps après, l’Harmonie de Megève a le privilège de défiler à Aix les Bains avec….la Garde Républicaine. En 1962, le Festival des musiques du Faucigny se déroule à domicile…. Un peu plus tard, René Visquet donne sa démission, invoquant des raisons personnelles. Il quitte la société au mois de juin 1963. Il décèdera au mois de janvier 1986 après avoir été directeur à Sévrier et La Roche Sur Foron et avoir pris en charge l’école de musique de Thonon. Quelques années après son départ, il souhaita reprendre sa place de chef à Megève, mais elle était occupée… En juin 1963, un certain Merchez prend à son tour la baguette de chef.
DE FREGOSI A VANDINI
Le saxophoniste qui succède à René Visquet à la tête de l’harmonie municipale de Megève en juillet 1963 ne restera pas longtemps à sa place. Pourtant, les musiciens qui l’ont connu n’ont pas oublié son nom. M. Merchez n’avait pas un caractère facile. Lorsqu’il prend la baguette de chef, l’effectif de l’harmonie et de la batterie fanfare réunies est d’environ soixante musiciens. Il va dégringoler de façon régulière pour tomber à ... quinze membres. L’ambiance est plus que tendue au sein de la musique municipale qui, au cours de l’année 1965, obtient le renvoi de son chef : une première. Cependant, la situation n’est guère meilleure durant les longs mois qui suivent cet épisode rocambolesque, puisque les musiciens se retrouvent ... sans chef ! La présence aux cérémonies est tout de même assurée, tandis que les répétitions ont lieu selon le strict minimum. De février 1966 datent les premiers contacts avec Florian Fregosi, qui aboutissent pour le moins rapidement, puisque ce clarinettiste prend la direction de l’harmonie au mois de mars. L’effectif peut alors reprendre son mouvement ascendant. En 1970, ils sont soixante dix musiciens, dont vingt au sein de la batterie-fanfare. L’année 1970 semble marquer un nouveau départ dans l’histoire de l’harmonie. Le 15 janvier de cette année-là, les maires de Megève et Oberstdorf signent le serment de jumelage, gage d’une amitié durable entre les deux stations. Une amitié que les musiciens entretiennent de façon réciproque, on peut le constater à chacune de leurs retrouvailles. De cette année 70, date également la naissance du groupe des « Joyeux Maquignons ». Si ce noyau de musiciens issus de l’harmonie anime sans relâche les manifestations locales à caractère traditionnel, faisant partie du paysage au même titre que le groupe folklorique par exemple, sa création relève en partie du hasard. Le 6 septembre 1970 se tient la traditionnelle foire de la Croix. Les organisateurs comptent sur la venue de l’harmonie, mais à cette époque de l’année, celle-ci n’est plus en activité. Face à l’insistance des organisateurs, quelques musiciens se proposent de venir jouer, sans chef, improvisant à l’aide de morceaux de leur répertoire. « En maquignons », disent-ils… L’expression est restée. Plus que jamais l’harmonie occupe une place de choix dans la vie de la station, présente lors des grands évènements sportifs et culturels qui s’y déroulent, hiver comme été. Citons pour mémoire les championnats du monde de curling de mars 71 ou le défunt trophée des artistes, entre 1971 et 1974. Les années 70 sont également marquées par plusieurs enregistrements d’émissions de télévisions. En 1969 et 1970, les musiciens figurent à l’affiche de « Télé Magazine », animé par Danièle Gilbert et Jacques Martin, venus tourner dans la station. Le 29 février 1976, ils se transforment en vedette d’un soir, plus précisément en « Musiciens du soir », comme l’annonce le titre de l’émission diffusée à la première chaîne, qui installe pour l’occasion ses caméras sur la scène du palais des congrès. Il faut croire que l’harmonie a pris goût au feu des projecteurs, puisqu’une nouvelle émission est enregistrée en janvier 1978 : il s’agit des « Clefs de la musique », toujours sur T.F.1 En 1974, Megève accueille de nouveau le Festival des Musiques. Et voici venir les années 80, qui mettent tout d’abord les amis d’Oberstdorf à l’honneur. En mai et juin 1980 est célébré le 10e anniversaire du jumelage, tandis que les 150 ans de la musique d’Oberstdorf sont fêtés en septembre 1983. Celle-ci sera d’ailleurs l’invité du 151ème Festival des Musiques qui se déroule dans la station le 28 juin 1987. Au cours de l’été 88, M. Frégosi prend sa retraite et part s’installer à Brive la Gaillarde. Au mois d’octobre, un tubiste devient le nouveau directeur de l’harmonie. Il s’agit de Yannick Vandini. Progressivement, l’école de musique se structure, accueillant de nouveaux professeurs. Les années 90 sont marquées par les deux concours d’Oyonnax : en 1993, l’Harmonie obtient un classement en 1ère division, 2ème section, qu’elle améliore deux ans plus tard, en montant en 1ère section. Le niveau de l’Harmonie progresse : une dizaine d’éléments rejoignent le conservatoire et en 1998, à Thonon, l’Harmonie passe en Supérieur, 2ème section. La nouvelle appellation « Orchestre d’Harmonie » symbolise la lente mutation d’une société plus que centenaire, qui accueille le premier Festival des Musiques du XXIème siècle, en 2001. La progression musicale de l’O.H.M. reste un des buts sous-jacents. L’année 2006 verra l’obtention d’un premier prix au concours national de MACON classant ainsi l’orchestre en Supérieur 1ere section. Plus que jamais le développement et la valeur de l’enseignement au sein de l’école de musique reste une priorité seule garante d’une continuité à la fois qualitative et quantitative de la société.
A SUIVRE..........